Comme un peintre, Edouard Mazaré va piocher dans tous les éléments de l’environnement pour en extraire l’essence. Il débute son travail par un long temps d’observation. Puis il cherche à comprendre comment fonctionnent les lieux pourrait-on dire « graphiquement ». Une démarche pour le moins originale.
Artiste photographe formé au dessin au sein d’un cursus de Beaux-Arts, il appréhende la photographie comme une expression graphique. Pour cela, il a développé pendant des mois une technique spécifique lui permettant d’obtenir un résultat à la fois troublant et mystérieux, nous amenant à regarder différemment.
L’interview
Pourquoi la photographie ?
Mes parents m’ont offert mon 1er appareil réflex argentique pour mes 16 ans et je ne l’ai plus jamais lâché. Jusqu’alors passionné de dessins d’objets, de perspectives et de points de fuite, j’ai découvert le monde de la photo avec toujours le même attrait pour le visuel. J’ai été happé par la magie du tirage en laboratoire. C’est d’ailleurs cette magie que je continue à chercher aujourd’hui, si ce n’est que l’effet de surprise a lieu sur l’écran !
Votre parcours ?
Après un Baccalauréat Arts Appliqués puis un cursus aux Beaux-Arts, j’ai travaillé jusqu’en 2015 en tant que directeur artistique au sein de grandes agences de communication. J’y ai cultivé ma curiosité et mon ouverture d’esprit. Je faisais suivre mon appareil photo partout. Je conserve de mes années parisiennes une belle collection scènes de rue et de clichés pris dans le métro.
Quel a été le déclic ?
J’avais un besoin viscéral de m’exprimer sans contraintes. J’ai alors imaginé une technique complexe me permettant d’allier mes deux passions : la photo et le dessin. J’ai travaillé ensuite pendant plusieurs mois pour obtenir le résultat attendu. L’élaboration de cette approche graphique m’a permis d’utiliser la photo non comme un média, mais plutôt comme une matière ou comme un stylo. Mes photos agissent comme une sorte de révélateur des lieux et de leur ambiance. J’essaie d’y poser un autre regard, proche du dessin, et ce en une seule prise de vue.
Comment travaillez-vous ?
Comme un peintre, je vais piocher dans tous les éléments de l’environnement pour en extraire l’essence. Pour cela, je débute mon travail par un long temps d’observation. Je cherche à comprendre comment fonctionnent les lieux « graphiquement ». Je fais parfois des croquis pour m’imprégner de l’image que je souhaite obtenir. Puis je compose l’image en mêlant textures, couleurs et volumes.
Quel est votre un objectif ?
Je cherche à m’écarter du terrain « connu » ou « déjà vu » dans un monde où l’accès à la photographie s’est énormément démocratisé. J’ai envie de raconter autre chose, d’aller au-delà du point de vue ou du ressenti immédiat. Je revendique l’authenticité de ma démarche tout en apportant une réelle plus-value aux images que je crée.
Avez-vous des sources d’inspirations particulières ?
Je peux être inspiré par toutes sortes de lieux et d’éléments architecturaux ou naturels. Parmi eux, les ponts mais aussi les nuages m’intéressent tout spécialement. Quel que soit le contexte, je travaille toujours en musique ! Qui s’avère aussi être une grande source d’inspiration et d’énergie créative.